Recherche silencieuse [PV Diane]

C'est quoi cette boutique encore ? Ah tiens une librairie. Lou venait juste de passer la porte mais elle se recula pour voir le nom de cette boutique. Shame&Scandal. Essayons de le retenir, quoique Lou se doutait qu'elle allait l'oublier vite. La vendeuse à sa caisse la regardait avec des yeux ronds comme des soucoupes comme si Lou s'était teint les cheveux en rose, jaune et vert. La jeune Dryness arqua un sourcil en sa direction, la vendeuse, qui devait avoir plus de 80 ans, bougonna entre ses dents et repartit poser un livre sur une étagère. Lou fit un petit sourire malicieux en coin. Maintenant, réfléchissons à ce qu'on pouvait bien faire ici. Lire, sans blague. Sauf que Lou n'était pas une fan de livres, mais en cherchant bien au fond de cette librairie, elle trouvera bien un rayon hippique. Enfin espérons-le. Donc, Lou partit à la recherche de la mystérieuse étagère équestre. Ses ballerines en velours noir ne se faisaient entendre sur la moquette. Marchant à pas feutrés, elle regarda dans tous les coins du magasin. Soupirant intérieurement, elle décida à contre coeur d'aller demander à cette chère vieille vendeuse si elle pouvait lui indiquer le rayon en question. Lou eut l'impression que la vieille dame allait lui cracher à la figure et l'envoyer promener. Elle partit devant en ronchonnant et boitillant et lui indiqua à la volée le rayon équestre. Et elle s'en alla sans attendre le remerciement de la jeune fille. Celle-ci haussa les sourcils en levant les yeux au ciel. Ca leur ferait du mal d'engager des gens sympas ? Peut-être que la vendeuse n'avait pas apprécié le coup d'arquement de sourcils de toute à l'heure. Remarquez, elle n'avait pas à la regarder comme ça non plus. Bref, Lou n'allait pas se prendre la tête à cause d'une vieille harpie.

Lou pivota sur ses talons et regarda les étagères qui contenaient les livres d'équitation. Ils étaient juste serrés entre des gros dictionnaires et des bouquins d'exercices en tout genre. Ses yeux gris-vert cherchèrent un livre intéressant, même si le rayon était ridiculeusement petit, il ne manquait pas de livres. Au moins une bonne chose. Son regard s'arrêta sur un livre pour les examens des galops 5,6 et 7. Elle sourit en pensant qu'elle n'avait que le galop 4. Ca ne se voit pas hein ? Et modeste avec ça. Elle reposa le livre et en attrapa un autre. Comment éduquer un cheval difficile ? Avec du tact et de la patience, songea Lou. Elle reposa le livre. Cela lui fit penser à son nouveau cheval. Un bai-brun, un croisé mustang. Il devait cartonner en western ce petit. Et avec un caractère tellement différent. Sombre, froid, distant et posé. Quand on le regardait dans les yeux, on voyait un sentiment de malice qui pétillait. Ou alors c'était de l'intelligence... Lou finit par feuilletter un livre sur la course comme à son habitude en se demandant si son petit étalon pourrait en faire pareil...

La clochette tinta, et la porte se referma. Diane accompagna le battant jusqu'à ce que celui-ci se ferme, avec douceur. Elle appréciait le calme des librairies : pourquoi l'aurait-elle troublé ? Silencieuse, mais l'oeil alerte, la jeune femme s'avança sur la moquette. Ce qu'elle cherchait ? Des livres sur les chevaux. Si elle les connaissait très bien et qu'elle trouvait que certains ouvrages étaient de l'intox, la brunette qu'était Miss Mason aimait en apprendre toujours plus sur sa grande passion. Biographies des grands écuyers, documentaires sur les peuples cavaliers... Diane ne se limitait pas seulement aux livres qui ne traitaient que de la technique équestre. Elle trouvait ces lives bien trop techniques, et ils négligeaient très souvent la personnalité du cheval, qui était un animal, la jolie cavalière le savait, doué de sensibilité, capable de sentiments. A en croire ces livres, le cheval n'était qu'une machine, où il suffisait d'appuyer sur des boutons dans un ordre bien précis pour obtenir une réponse, et ce à tout les coups. La jeune femme aux yeux verts émeraudes cherchait donc un livre qui proposait plus un mode de pensée qu'un "manuel". Ce qui n'était pas chose facile.

La Hurricans aimait prendre son temps, surtout dans une librairie. Le silence, l'odeur du papier... C'était une ambiance des plus apaisantes, en tout cas pour n'importe quel cerveau en quête de connaissances. D'un pas feutré, Diane déambulait avec tranquilité dans les différents rayons. Sa curiosité parfois attisée par un titre énigmatique, la jeune femme promenait son doigts sur les reliures, qu'elles soient en carton banal ou faites dans un cuir noble et doux. Arrivée aux rayons des romans, la jeune canadienne demeura immobile quelques instants. Elle saisit un livre avec délicatesse avant de parcourir la quatrième de couverture. Ce roman était en faite la biographie d'un homme qui après avoir travaillé dans le business s'était retiré pour vivre sa passion : les chevaux. Diane fut conquise : elle garda le livre contre elle avant de continuer sa quête. Après quelques minutes, elle trouva, et ce non sans difficulté le rayon qui exposait les oeuvres équestres. La brunette, la tête ridiculement penchée sur le côté, lisait, concentrée, les différents titres. "Savoir gérer son cheval sur le cross", "Le dressage en 10 notions", "Penser cheval"... Ce dernier titre retint l'attention de Diane. Après avoir lu le synopsis, elle réfléchit. Henry Blake... Elle connaissait ce nom. Intriguée et avide de savoir, elle le garda lui aussi contre elle. C'est alors qu'elle remarqua à sa gauche une jeune fille de son âge. Elle tenait en main un livre sur la course. Miss Mason n'osait pas tellement engager la conversation, mais elle adorait cette discipline. Néanmoins elle connaissait ce livre pour l'avoir lu : il était relativement médiocre, sans beaucoup de solutions aux nombreux problèmes rencontrés avec un cheval de course. N'y tenant plus, elle lui dit qu'une voix discrète :

- Je ne te le conseille pas. Il y a beaucoup de photos, mais pas tellement de solutions concrètes.

Diane laissa de nouveau place au silence. Elle n'avait jamais vu cette jeune fille. Pour être aussi jeune et traîner dans le rayon des revues équestres, c'est forcément qu'elle devait être à Freedom Creek. Voulant rester discrète, Miss Mason en resta là, attendant la réponse de la jeune fille blonde aux traits fins, tel un ange. Elle brûlait de savoir si la jeune fille possédait un cheval de course. Mais elle tint sa langue, et attendit...

Lou entendit alors quelqu'un lui parler. Le son monta jusqu'aux oreilles de la jeune fille. Elle pivota sur ses talons pour faire face à cette personne. Elle en déduit à vue d'oeil que cette fille brune avait 1 ou 2 ans de plus qu'elle. D'où venait cette habitude de trouver l'âge des personnes devant elle ? Simple, quand elle faisait encore des courses, les jockeys étaient toujours plus vieux qu'elle et donc elle déduisait leur âge dès qu'ils la toisaient. Lou écouta ce que la fille aux cheveux bruns et aux yeux verts émeraudes avait à lui dire. La Dryness tenait dans sa main le livre ouvert, et c'était plus fort qu'elle il fallait qu'elle vérifie ce que disait cette jeune fille. Elle ne traitait nullement pas la fille brune de menteuse, non. Elle voulait juste s'en assurer. Donc, Lou regarda la page sur laquelle elle s'était arrêtée. Un pur-sang anglais au grand galop. Elle tourne une page, des pur-sang anglais qui sautent une haie de steeple-chase. Bref, que des images de pur-sang dans les courses. Elle fit un petit sourire en coin et reposa le livre là où elle l'avait pris.

"En effet, il ne contient pas grand chose."

Elle fit un signe de tête comme pour la remercier. Comment allait-elle faire pour courrir avec un cheval qui n'a fait que du western, de l'obstacle et du dressage. Rien qu'à l'avoir aperçu hier, son étalon était si froid envers les hommes qu'elle en déduisit qu'on l'avait bousillé. Il était plus petit, avec des antécédents mustangs aussi... Il promettait d'être assez hargneux avec les autres si on le cherche. Lou avait déjà preparé qu'il allait falloir tout recommencer. Et qu'en je dis tout c'est tout. Au début, ils feront beaucoup d'éthologie. Et apprendre à se respecter l'un de l'autre. Et enfin, ils pourront travailler. Et peut-être même devenir amis. Lou jeta un coup d'oeil sur la personne à ses côtés. Elle devait être à Freedom Creek, et aussi connaître des informations en course. Sinon pourquoi l'aurait-elle renseigner sur ce bouquin si elle ne l'avait pas lu ? Logique. La course. Quelle merveilleuse discipline. Au delà de tout ce qu'on peut croire, c'est un merveilleux travail que de le faire courrir. Cela lui fit repenser à 2 chevaux qu'elle montait souvent sur la piste. Une jument blanche au caractère si gentil qui se donnait toujours à fond. Et un étalon bai, un vrai feu bouillonant à l'intérieur. Tout ça c'était bien loin...

Elle regarda une nouvelle fois la jeune fille à ses côtés.

"Tu es à Freedom Creek je suppose ?"

Diane laissa la jeune fille blonde à ses côtés feuilleter le livre. Elle se souvenait des images qui défilaient sous ses yeux : une magnifique jument alezane au grand galop. Si le cheval était net, le paysage, lui, était flou. Portant le numéro 9, l'animal était totalement étiré, le corps à l'horizontal. Les naseaux dilatés, la bouche étirée en un large sourire par un mors brutal, la jument donnait malgré tout une féroce envie de gagner, trahie par un regard tenace. Un cliché magnifique, mais peu utile sur la manière de gagner une course. Sur la page d'après, c'était tout un groupe de chevaux qui franchissaient une haie. Le cliché avait du être pris peu de temps après le départ : en effet, tous les chevaux étaient presque côte à côte, et la sueur n'humectait pas encore leurs poitrails musculeux. Petits pantins sur leurs grands chevaux, les jockeys, qui arboraient différentes casaques, s'arc-boutaient sur leur selles, la cravache en main. Les yeux plissés derrière les lunettes, on devinait très facilement leur désir de prendre la tête et de la tenir jusqu'à la ligne d'arrivée. La jeune femme cessa de regarder les pages défiler dans les mains de la blondinette, pour ensuite ce concentrer sur cette dernière.

De beaux cheveux blonds, très clairs, des yeux bleus limpides, un visage fin et délicat. Oui, l'image revint à l'esprit de la Hurricans : on aurait dit un ange. Mais le caractère que l'on pouvait déceler derrière cette paire d'yeux bleus-gris s'opposait au physique. Grosse personnalité ou simple arrogance ? Miss Mason l'ignorait. Simplement vêtue, la jeune fille était plutôt discrète. Disons qu'il aurait été difficile de la repérer dans une foule de gens, souvent plus extravertis et superficiels les uns que les autres. Puis Diane répondit à la jeune fille, qui, elle le remarqua, semblait plus jeune qu'elle, mais de quelques années à peine :

- Oui, je suis à Freedom Creek. Et toi ?

Enfin, la jeune fille trouva un livre qui avait une chance de l'intéresser. Elle attrapa le livre, où les rayons de la lumière se reflétaient dessus. Il portait comme titre "Le Mustang : domestique ou sauvage ?" Ca lui faisait repenser à son cher petit bai-brun. Lou savait qu'elle trouverait bien comment le faire aussi gentil avec les hommes. Lui enlever sa froideur avec les autres et révéler le vrai cheval qui someille en lui. Oui car, Lou était sûre qu'au fond il n'était pas comme ça. La barbarie humaine avait fait son oeuvre, rendant un petit mustang aussi distant soit-il. Mais il n'avait pas que des inconvénients, il promettait d'être courageux et malin. Le genre de cheval qu'adorait Lou. Elle ouvrit le livre et jeta un coup d'oeil sur l'image qui se tenait sur la page de droite. Un mustang, un vrai, se tenait. Alezan, avec une liste sur son chanfrein. L'encolure petite, les membres robustes et l'oeil vif. Tel était le vrai portrait de ce cheval sauvage. Lou se rappela que son étalon avait des membres solides comme du roc. Son oeil était pétillant, mais il avait une encolure plus longue. Remarquez, il a été croisé avec un Rocky Mountain Horse. Donc ce n'était pas un vrai mustang quoi. Ca, la jeune fille s'en fichait. Elle regarda ensuite un poulain bai avec une belle pelote sur son chanfrein brun. Il était couché dans l'herbe et dormait sous l'oeil vigilant de sa mère. Dire que son étalon était né sauvage. Peut-être aurait-il fallu le laisser sauvage. Lou secoua la tête, trop de questions contradictoires se bousculaient dans sa tête.

Tournant la tête vers la jeune fille brune à se côtés, Lou fit un petit sourire. Un sourire, elle n'en faisait pratiquement jamais quand elle était seule. Mais elle se devait être polie, que voulez-vous on l'a bien éduqué.

"Oui, je suis Lou Campbell à Dryness Mountain. Je suis arrivée il n'y a même pas une semaine."

La jeune fille détestait les rivalités entre les trois académies. Pourquoi à Dryness ? Certainement pour sa solitude et sa froideur. Elle est aussi terriblement têtue. Lou feuilleta encore un peu le livre, découvrant paysages de l'Amérique et chevaux tout aussi sauvage l'un que l'autre...

[Post un peu court, me rattraperai au prochain]

Diane, silencieuse, écoutait la jeune fille. Lou Campbell, à Dryness Mountain... Elle s'en souviendrait. Télépathie ou simple coïncidence ? La Hurricans pensa tout de suite aux rivalités entre Académies. Si au début elle n'avait pas vraiment compris pourquoi tant de tensions existaient entre les Flowried, les Hurricans et les Dryness, elle s'était désormais rendue compte que les nombreuses personnalités qui composaient la renommée et la diversité de FC avaient conduit à ces tensions. Miss Mason avait eu l'occasion de faire la rencontre d'une Dryness Mountain, la première élève qu'elle avait rencontré appartenant à cette académie : Alexandra Scott. Dès le premier instant, la brunette s'était sentie mal à l'aise en sa présence. Pourtant, avec Lou, c'était différent. Pas de sentiment défini. Pas d'impression vague. Rien, juste le désir d'en savoir plus. Malgré cela, Diane savait qu'il fallait qu'elle reste sur ses gardes. Les Dryness n'avaient pas atterit à l'académie dirigée par l'ombrageux Logan Hécart pour rien. Si le bruit courait que certains étaient "différents", ils n'en restaient pas moins des Dryness Moutains. Mais cachée derrière sa méfiance, la jeune femme aux yeux émeraudes souhaitait de tout coeur que cette rumeur soit vraie. Prenaient-ils plaisir à être ainsi, où étaient-ils de simples victimes de leur malheur, forcés de devenir vicieux et aigris pour survivre ? Diane n'en savait rien. Et s'il n'y avait que les Dryness ! C'était sans compter sur les Flowried Hills, personnalités superficielles et avides de luxe. Berk. Rien que d'y penser, la jeune cavalière en était dégoûtée. Lorsqu'elle avait su qu'elle allait chez les Hurricans River, académie dirigée par Olivia Lazarfield, Diane avait eu un soupir de soulagement. Elle avait déjà fait l'aperçu de cette maison avec Mack Ikuno, qui lui avait fait bonne impression. Mais elle savait que tout le monde avait quelque chose à cacher, et que pour pouvoir "survivre" à FC, le combat serait sans merci.

Où ? Quand ? Qui ? Pourquoi ? Diane s'était plongée dans ses pensées et avait complètement décroché de ce qui se passait autour d'elle. Ah oui. La librairie, avec Lou Campbell. La blondinette venait de lui réveler son appartenance à la maison de Logan Hécart. Si vous, cher lecteur, avez trouvé la lecture longues, sachez qu'il n'avait fallu à Diane qu'un instant pour réfléchir à tout ceci. Lou n'avait sûrement pas remarqué ses "réflexions". La jolie canadienne tendit son bras, laissa courrir son doigts sur les reliures, avant de trouver un titre accrocheur : "L'attelage, trucs et astuces". La Hurricans n'en savait pas beaucoup sur cette discipline qu'elle adorait. Elle parcourut donc le livre et fut emballée : il y avait beaucoup de petites images très claires, accompagnées de textes, qui expliquaient comment harnacher un cheval avec le matériel nécessaire, comment réparer un trait cassé... Très complet et bien expliqué, le livre se révèlerait sûrement utile. Diane le garda donc sous le bras, avant de regarder à nouveau Lou. Sans prendre le temps de réfléchir, la jeune femme lui demanda :

- Et ton cheval est arrivé lui aussi ?

» Diane MASON