Promenade tranquille [Faith] POUBELLE

Aragon, d'abord perturbé par la neige où s'enfonçaient ses sabots n'y prit ensuite plus garde. Il marchait d'un pas lent, cherchant le meilleur endroit où poser ses sabots. La neige craquait, donnant une atmosphère curieuse à ce paradis d'un blanc pur. L'étalon frôlait la neige de ces naseaux et tout à sa tâche était concentré. Sa robe d'un noire profond contrastait franchement avec la neige blanche. Seule sa large liste rappelait les flocons, ses balzanes étant masquées par les protections et enfouies dans la neige. Les oreilles en avant, le pur-sang se concentrait pour ne pas chuter ou se fatiguer.
Carolyn, perchée sur son dos, était chaudement vêtue. La température était descendue de plusieurs degrés depuis qu'ils étaient partis. Elle remonta son écharpe sur ses oreilles et son nez qui rougissait, piqué par le froid. Aussi concentrée que l'étalon, la jeune femme lui laissait les rênes très longues afin de le laisser flairer et poser ses pieds comme il l'entendait. Malgré sa concentration, on aurait pu deviner qu'un sourire éclairait son visage caché derrière l'écharpe. Elle appréciait ce début de balade, et elle était ravie de l'intelligence du pur-sang, qui prenait le temps de chercher. Perchée sur le dos d'Aragon, elle ressentait une allure assez bizarre. Parfois, l'étalon se tenait les jambes assez écartées, où il descendait le garrot, où faisait parfois de petits bonds dans la neige. Prévoyant ses réactions, l'allemande accompagnait souplement du bassins les à-coups de l'allure, tout en profitant du magnifique paysage hivernal qui s'offrait à eux.

Cela faisait 20 minutes qu'ils étaient partis quand la couche de neige diminua. Aragon put marcher plus facilement, mais il ne s'agita pas pour autant. La marche dans la neige haute l'avait un peu fatigué et c'est pourquoi il reprenait doucement son souffle au pas. Un beau soleil réchauffait la robe ébène de l'animal, faisant miroiter et ressortir la finesse de ses muscles. Quelques petits oiseaux chantaient et faisaient pivoter les oreilles noires d'Aragon qui, toujours aussi calme, emmenait sa cavalière plus loin dans la forêt.

Carolyn appréciait ce calme. Elle était très satisfaite d'Aragon, c'est pourquoi elle le laissa tranquille, le guidant simplement lors d'une bifurcation. Le pur-sang n'avait même pas rué lorsqu'elle l'avait enfourché, et maintenant il lui offrait une belle balade. De temps en temps, l'allemande se baissait et caressait tendrement l'encolure du géant noir. Celui-ci, de plus en plus agréable, se laissait gentiemment gratouiller sans cesser de marcher. Alors que la jeune femme se baissait pour éviter une branche couverte de neige, d'autres craquements se firent entendre. Intrigué, Aragon s'arrêta et redressa l'encolure, oreilles sur le qui-vive. Carolyn, elle, se retourna, cherchant à repérer la source du bruit dans ce paysage blanc.

Bonjour, je suis Faith McLoryn.

Si Carolyn n'avait pas sentit la cavalière et son cheval, Aragon lui, en avait capté les effluves. Un peu nerveux, il ramena son menton à la poitrine et mâcha son mors tout en se retournant vers les inconnus. C'est lorsque son cheval eut finit de se retourner que la jeune femme put apercevoir un cheval pie ainsi que son cavalier. Mais plus le couple se rapprochait, plus la jeune professeur pouvait noter différents détails. Le cavalier était en fait une cavalière, fort jolie. Montée en amazone sur un beau cheval pie noir, elle paraissait vraiment profiter de cette balade matinale. D'un coup d'oeil, Carolyn identifa le nouveau cheval comme un hongre qui paraissait bien calme comparé à son propre étalon, qui se fit d'ailleurs remarquer.

Loin d'être belliqueux, Aragon brûlait tout de même d'aller à la rencontre de son nouveau congénère. Tout à l'observation de son nouveau camarade, il en oublia même de mâchonner son mors. Le regard fixe, les oreilles en avant, la tête haute, il était totalement immobile. Ce qui n'empêchait pas sa cavalière de sentir chaque muscle du géant noir contracté, tendu. Du plat de la main, elle le caressa tout en lui chuchotant des paroles apaisantes, quand la voix claire de la cavalière que l'allemande identifia comme une élève se fit entendre dans le pur silence de la forêt. Le regard planté dans celui de l'amazone, Carolyn lui sourit :

- Bonjour.

Lorsqu'elle sentit l'encolure d'Aragon tressailler, la jeune femme se pencha, quittant le contact visuel avec l'amazone. Elle murmura à son étalon qui agita ses oreilles, toujours aussi intéressé par le cheval pie qui paraissait plus intéressé à boire qu'à faire connaissance. Dans un hennissement étouffé qui exprimait une légère indignation, l'étalon noir tendit son encolure vers son compagnon à quatres pattes. Légèrement inquiète, Carolyn guetta ses réactions tout en répondant à la jeune cavalière qui venait de tendre un bonbon à sa monture.

- Je suis Carolyn Lemberg, je suis professeur de course à Freedom Creek.

Elle s'interrompit quelques secondes afin de réfléchir. Elle était venue ici pour se promener, comme l'amazone apparement. Et celle-ci avait l'air tout à fait avenante et aimable. C'est donc avec un grand sourire que Carolyn poursuivit :

- On fait un bout de chemin ensemble ?

Je serais très heureuse de cela, Mme Lamberg et de vous avoir rencontrée ainsi hors des cours m'est particulièrement gratifiant, je vous le dit.

Vous avez un très bel étalon Pur-Sang, Mme Lamberg.

Ce sont souvent des chevaux difficile à manier, mais ils sont si beaux, comment résister, n'est-ce pas?

Aragon, par invitation de sa cavalière se mit dans un pas calme. L'étalon s'exécuta bien qu'il brûlait de faire la course avec son congénère. Curieux, il ne cessait de tendre l'encolure vers le hongre pie bai. Avec sa lèvre supérieure, il essayait de chopper quelques crins de son camarade et de ses naseaux, il soufflait dans ceux de son camarade, histoire de faire connaissance.
Carolyn elle souriait en regardant sa monture. On aurait pu le prendre pour un gros dur avec sa masse de muscles, sa taille et son tempérament. Mais en fait l'étalon noir était gentil et particulièrement sociable surtout avec les hongres. C'est donc en toute amitié qu'Aragon taquinait son nouveau copain.
Aux paroles de la jeune fille, la jeune professeur sourit. Elle lui répondit tout en caressant l'encolure de son cheval :

- Oui, ils sont fougueux. Mais ce n'est pas pour leur beauté que je les aimes. Malgré leur nervosité et leur fougue, ils cachent une grande sensibilité et de l'intelligence.

Avec un petit rire, l'allemande ajouta :

- C'est sûr que quelques fois j'aimerai un cheval calme ! Mais les chevaux difficiles et sensibles m'apportent beaucoup de satisfaction, et ils me posent des défis, j'aime ça.

Elle fut interrompue par un nouvel hennissement étouffé d'Aragon. Un peu déçu par l'attitude du hongre pie bai, le pur-sang secoua la tête de gauche à droite. Sans pour autant bouder, il cessa quelques minutes d'embêter l'autre cheval. Mais chassez le naturel et il revient au galop : Aragon ne put s'empêcher de titiller à nouveau son copain. Carolyn sourit et demanda à la jeune amazone :

- Au fait, comment s'apelle votre cheval ?

Oui, je comprends totalement. Je n'ai jamais eût une attirance particulière pour les chevaux au caractère un peu trop fort, je préfère ceux qui sauront m'en apprendre davantage, comme Darkly Side of Sun que voici.

Je n'ai rien contre ceux qui sont houleux ou bien nerveux, par contre, je ne peux me résigner à en prendre un pour moi, je sais que je ne serais pas à la hauteur pour le monter ou bien simplement m'en occuper, étant moi-même aussi très stressée, et parfois stressante, je ne risquerais que d'augmenter cette nervosité. Darkly est un hongre qui en a déjà vu, mais son ancien cavalier l'a tellement bien dressé, non

pardon, son ancien cavalier l'a tellement bien entraîné qu'il est devenu ce qu'il est maintenant. Calme et coopératif, j'ai mis ma confiance en lui dès le début. Je n'aurais jamais pu passer à côté de lui.

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